'L'hypothèse anthropologique que nous allons proposer ici, à l'indulgence du lecteur, se situe au point de croisement de plusieurs disciplines (telles que la philosophie phénoménologique, herméneutique et morale, la psychanalyse, la neurobiologie, la (paléo)anthropologie, l'esthétique, la physique, ...) sur un même objet (celui, de conscience, des inatteignables), dans lequel nous élaborerons la pensée d'une clef (notamment, le lien intime entre violence et morale). C'est cette clef qui, selon nous, exprimera le mieux la réponse possible au sujet qui nous intéresse et provoque notre obstination : à savoir la genèse de cette notion innommable, de cet objet de conscience, de cette situation mentale paradoxale qu'on entend mettre en évidence par l'expression des « inatteignables » de conscience, d'un impossible, et par là d'un élément crucial de notre évolution en tant qu'espèce. L'idée que nous allons développer, à partir de là (et en vérité en amont de cela), est que le positionnement progressif et privilégié de la main dans la vision, avec le développement de la bipédie dans notre préhistoire, pourrait avoir soutenu l'effort de création d'une pensée, par l'apport énergétique d'un paradoxe sensorimoteur. Celui-ci se trouve, dans la visée de notre enquête, en maints points lié aux structures du paradoxe moral – du « j'ai l'impulsion de faire, mais je ne fais pas » -, et ce, selon toute évidence, à travers le développement laborieux, interactif, individuel et communautaire de la technique. C'est ce postulat de départ que nous allons défendre, avec conviction et prudence, en élaborant un objet de réflexion qui s'exprimera de lui-même, en choisissant son contenu, en triant ce qui lui semblera nécessaire, et pourra se voir soumis à l'épreuve scientifique de manière relativement autonome.'
Image : 'Hochwido', de Owon.
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