Avelia, le front collé à la paroi de l'immense baie vitrée de son séjour, observait, l'air songeur, les deux êtres qu'elle chérissait le plus sur cette terre, son époux et sa petite fille. Son époux et sa petite fille profitaient de cette belle journée ensoleillée pour aspirer à des plaisirs simples. Ils semblaient si insouciants, se dit-elle. Elle devrait être aussi heureuse qu'eux, mais elle ne le pouvait pas. Les blessures de ces dernières années n'avaient toujours pas cicatrisé, et Avelia n'était pas certaine qu'elles le soient un jour. Le destin s'était montré cruel à bien des égards, les terribles événements de ces dernières années avaient bouleversé sa vie à jamais. En regardant sa petite fille de quatre ans, si pleine de vie, Avelia songea que Rana avait beaucoup de chance. Elle était débordante d'énergie et en excellente santé. Cela n'avait hélas pas été le cas de ces milliards de victimes que la jeune femme avaient vu souffrir. En se remémorant ces deux dernières décennies, Avelia ressentit une violente douleur à la poitrine. Elle avait vu ses proches partir les uns après les autres, sans pouvoir intervenir. Le plus difficile pour elle fut le départ de son père en 2048. Elle l'avait vu se couper du monde, se renfermer sur lui-même et vivre comme un automate. Puis un jour, il lui avait laissé un mot sur la table de la cuisine, lui expliquant qu'il ne pouvait plus vivre sans culpabiliser du désastre qu'il avait provoqué à cause de son vaccin qui n'aurait jamais dû voir le jour. Il préférait quitter son entourage et se retirer du monde. Depuis, Avelia n'avait plus jamais revu Duane, elle ne savait même pas s'il était toujours vivant. Le chercheur avait découvert une trentaine d'années plus tôt une formule pour neutraliser les cellules cancéreuses et les éradiquer. Suite à de nombreux tests, son vaccin fut enfin commercialisé. Mais ce dernier n'avait pas eu les effets escomptés. Le nombre de décès liés à son inoculation avait été spectaculaire ! Après une première rémission quasiment spontanée, des millions de gens s'étaient vus à nouveau atteints du cancer, dans sa phase la plus virulente avec des métastases dans tout l'organisme. Ce vaccin avait décimé la population mondiale bien mieux que n'aurait pu le faire une guerre nucléaire. La population était passée de huit milliards d'habitants en 2032 à un million d'habitants en 2055. Un phénomène effarant dans l'histoire de l'humanité !
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