'HITLER'. Magda Goebbels revoit son époux qui, en accord avec elle, vient d'empoisonner leurs six enfants. La démence l'envahit. (...) Tu reviens, je te vois, mais tu n'es plus un père:Un père ne vient pas couronné de vipères,Un père ne rit pas quand ses enfants sont morts.Montre un peu de décence, à défaut de remords. Et comment se fait-il que tes mains aient visages ?Des visages d'enfants, des miens... Dieux, quels présages !C'est mon petit Heide, c'est ma petite Hedda,Celui-ci mon Helmut, celle-ci ma Hela,Et Holde et Hilda !.. Tous six, pendant leurs rêves !Dis-moi, leur agonie au moins fut-elle brève ?Tu les as immolés, païen, à tes faux-dieux.Non, non: à lui plutôt; je le lis dans tes yeux.Tu les as sacrifiés... à lui... J'étais distraite.Oui, oui, à ton Fürher. Quelle orgie, quelle fête !Tu n'es plus mon époux, tu es l'idole Odin,Odin, le dieu-Fürher, le dieu menteur, gredin, Le dieu mangeur d'enfants, le dieu tueur de mères... C'était donc à cela que menaient nos chimères ! (Acte 5. v. 1653 à 1670). __________________________________________________________________________________________________________________________________ 'Les PITRES'. Gigoton, prince élu d'Athènes, a épousé, il y a 17 jours, Croupesuave, hétaïre un peu sur le retour. Vient l'heure du désamour. Gigoton, à Croupesuave qui surgitCroupesuave ! Que se passe-t'il ? CroupesuaveMon Gigoton, voilà dix-sept jours que nous nous sommes épousés. GigotonOui. Eh bien ? CroupesuaveC'est une longue union. GigotonDix-sept jours, une longue union ? CroupesuaveIl ne te semble pas, à toi ? GigotonEuh, non. Bien sûr que non, mon étoile, ma lune. CroupesuaveMoi, un peu. Dix-sept jours ! Si longtemps, je n'étais pas accoutumée. GigotonQue dis-tu ! CroupesuaveAvant toi, le plus longtemps que j'aie aimé c'était onze jours. Avec toi, quatorze. Quatorze jours ! c'est dire si je t'ai adoré ! GigotonQuatorze jours ? Tu me disais dix-sept. CroupesuaveDix-sept d'union et quatorze d'amour. Dix-sept, quatorze: je m'installe, je m'encroûte, je vieillis. GigotonTu t'installes, tu t'encroûtes ! CroupesuaveOui. Et depuis trois jours, avec toi ce n'est plus pareil, plus tout à fait. GigotonAh ! CroupesuaveL'ennui me déprime, la monotonie me ronge, la grisaille me dessèche, le vide de la vie m'étiole, je m'éteins. Gigoton... GigotonOui ? CroupesuaveGigoton, je t'ai aimé sincèrement, passionnément, avec incandescence, longtemps... GigotonLongtemps... CroupesuaveTu le dis toi-même(...). En contrepartie, mon bon petit Gigoton, en reconnaissance d'un amour si pur, si intense, si exclusif et si durable, mon petit coeur, rends-moi ma liberté(...) GigotonTa liberté ? CroupesuaveOui. Divorçons. GigotonSinon ? CroupesuaveSinon, je te quitte. Fagoton (un des amis de Gigoton, présents)Elle n'est plus très jeune Riboton (autre ami de Gigoton)plus très nouvelle, Fagotonplus très fraîche, Ribotonplus très fidèle. GigotonTout bien pesé et considéré... FagotonAccordé, bel oiseau de passage. nous t'avons mariée, nous te divorçons. Tu es libre. Envole-toi. CroupesuaveOh, merci, merci, mon Gigoton ! J'espère que tu ne m'en veux pas. Tu n'es pas fâché ? GigotonMais non. Comme tu dis, la routine... (...) CroupesuaveMerci, mon Gigotonchou. Tu es grand, fort, beau, intelligent... GigotonNon: seulement riche CroupesuaveC'est ce que je dis. (...) ... GigotonCroupesuave, évanescent arc-en-ciel, reste encore un peu, Tu chanteras avec nous et tu danseras pour nous Les dieux sont bons, la vie est belle. (Suit un chant sur lequel danse Croupesuave). (Tableau 4. Extrait scène 3).
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